Jeux vidéo et cinéma : l’intermédialité et le transmédia au-delà de la binarité dans la franchise Conan
par Laurent Di Filippo
Di Filippo, L. (2018). La franchise Conan ou l’intermédialité. Cinémation, n° 168, 104-110.
Résumé : Les aventures du barbares Conan ont fait l’objet de multiples productions sur de nombreux médias, parmi lesquels les jeux vidéo et le cinéma. Toutefois, les rapports que ces deux supports entretiennent ne sauraient être compris sans intégrer les autres productions liées à la franchise dans une optique diachronique, tenant compte d’un ensemble varié de stratégies commerciales qui évoluent en fonction des acteurs impliqués dans ces développements. À partir de quelques exemples de relations entre les film mettant en scène Conan et le jeu de rôle massivement multi-joueurs Age of Conan: Hyborian Adventures, cet article propose alors d’envisager les rapports entre cinéma et jeux vidéo au-delà d’une simple vision binaire.
Résumé : Dans le jeu Age of Conan: Hyborian Adventures, le chaman de l’ours est l’une des classes de personnages que les joueurs peuvent choisir d’interpréter. Le terme chaman dont il tire son nom est emprunté à la langue tongouse evenki et fut utilisé comme marqueur universel des hommes-médecines primitifs et comme figure païenne par rapport au christianisme. Dans le jeu en ligne contemporain, il représente une figure marginale de l’archétype des prêtres et contribue à la construction d’une géographie imaginée eurocentrée où le Nord est barbare et violent. À travers ses attributs guerriers, il participe ainsi aux procédures de structuration stéréotypées de l’univers fictionnel numérique. Toutefois, son usage dans un cadre ludique dans lequel les modes d’engagement et d’appropriation se font en gardant une certaine distance ou selon un second degré permet d’interroger ses usages en tant qu’il contribue à une mise en scène du fantasme où des formes d’altérité peuvent devenir des figures d’identification.
Di Filippo, L. (2018). Le chaman de l’ours : une figure du “healer [soigneur]” nordique dans les jeux en ligne. In : S. Allouche, J.-L. Gangloff, V. Helfrich (dirs). Images du savoir pratique : l’informaticien et le médecin dans les récits de fiction populaires contemporains. Vol. 3. Strasbourg : Néothèque.
“Nous connaissons toutes et tous Loki grâce aux films de super-héros Marvel. Mais Loki, c’est bien plus que cela. Un menteur, un bouffon, un polymorphe qui prend la forme de nombreux animaux et qui change de sexe comme de chemise (il a par exemple enfanté le cheval d’Odin, Sleipnir). Laurent Di Filippo, spécialiste de la mythologie nordique, a proposé de nous éclairer sur ce personnage central de la mythologie nordique en s’appuyant sur les textes médiévaux.
Bonne écoute”
Anne Besson, professeur de littérature générale et comparée à l’Université d’Artois (Arras), est spécialiste des ensembles romanesques et des constructions de mondes alternatifs, particulièrement en science-fiction, fantasy et littérature de jeunesse. Elle a réuni ici une cinquantaine de contributeurs venus de tous les horizons – membres de l’association Elbakin.net, universitaires, journalistes, organisateurs de festivals et auteurs français de fantasy : Jacques Baudou, Anne Berthelot, Vivien Bessières, Florian Besson, William Blanc, Mélanie Bost-Fievet, Yann Boudier, Charlotte Bousquet, Justine Breton, Noémie Budin, Isabelle-Rachel Casta, Yohann Chanoir, Fabien Clavel, Lionel Davoust, Laurent Di Filippo, Caroline Duvezin-Caubet, Silène Edgar, Estelle Faye, Mélanie Fazi, Vivian Féasson, Vincent Ferré, Anne Isabelle François, Jean-Philippe Jaworski, John Lang, Alain Lescart, Patrice Louinet, Laura Martin-Gomez, Laura Muller-Thoma, David K. Nouvel, Isabelle Olivier, Caroline Olsson, Isabelle Périer, Emmanuelle Poulain-Gautret, Sandra Provini, Jean-Luc Rivera, Stéphane Rolet, Marc Rolland, Angélique Salaün, Audrey Tuaillon Demésy, Myriam White-Le Goff.
“La mythologie viking, Thor, Odin, Freya, et compagnie, autant de figures qui évoque beaucoup sans que nous les connaissions vraiment. Voilà pourquoi nous sommes allé interviewer Laurent di Filippo, spécialiste des sagas scandinaves, pour en savoir plus sur ces légendes et sur leurs sources.
Bonne écoute”
Résumé : L’expression « Mythe de Cthulhu » fut proposée par August Derleth pour désigner l’ensemble des phénomènes surnaturels présents dans les récits de Howard Phillips Lovecraft et des œuvres qui s’en inspirent. Cette expression, utilisée jusque dans les jeux de rôle contemporains, pose la question de la possibilité d’analyser le contenu de ces produits à l’aune de travaux scientifiques portant sur les mythes et les mythologies. Le présent article propose d’étudier le « mythe de Cthulhu » sous l’angle des théories de la réception des mythes proposées par Hans Blumenberg, afin de comprendre la diffusion des ressources auxquelles il renvoie. L’usage de ces références contribue à la mise en scène de l’horreur et rend ainsi possible ses appropriations ludiques en instaurant une distance avec le contenu des représentations. En effet, les mécanismes des jeux, tout comme les représentations de l’horreur, donnent une forme concrète à l’indicible et réduisent alors sa part suggestive.
Introduction préface : Suivant une thématique proposée par Yohann Chanoir, ce nouveau numéro de la revue ¿ Interrogations ? s’intéresse aux usages contemporains du Moyen Âge dans la multiplicité de leurs formes et de leurs expressions. Ce phénomène, appelé « médiévalisme », peut se définir de façon extensive comme « la réception du Moyen Âge aux siècles ultérieurs (en particulier aux XIXe-XXIe siècles) dans son versant créatif et son versant érudit » (Ferré, 2010 : 8). Autrement dit, il ne s’agit pas d’approches historiques ou d’études visant à éclairer le passé, mais de pratiques dans lesquelles les références à la période médiévale viennent nourrir des activités présentes. […]
DI FILIPPO, Laurent et SCHMOLL, Patrick, 2016. La ville après l’apocalypse: entre formalisation projective et réalisation locale. Revue des sciences sociales. n° 56, p. 126-133.
Résumé :
Le genre post-apocalyptique a connu un certain succès depuis la seconde moitié du XXe siècle en se posant comme un regard critique des auteurs sur des modèles socio-économiques et sur le contexte historique dans lequel ils publient. Mettant en scène des décors urbains dévastés, ces œuvres permettent, à travers une projection dans le futur, d’interroger le présent. Les ruines qu’elles dépeignent symbolisent à la fois un effondrement du monde et l’ouverture d’un espace de conquête. Les jeux vidéo qui s’inscrivent dans ce sous-genre de la science-fiction permettent alors aux utilisateurs de s’engager dans de nouveaux modes d’appropriation de l’espace. Lorsqu’ils mettent en scène la ville, voire une ville en particulier, ces jeux alors offrent des nouveaux modes d’engagement dans l’espace urbain sous la forme de l’appropriation ludique.
Jeu vidéo et Histoire, pour le meilleur ou pour le pire ? Qu’en disent historiens, créateurs de jeux et têtes d’affiches du web geek ? Propagande, mémoire, délires de l’uchronie, aseptisation des religions… Une enquête en 8 bits menée par Ben, alias Nota Bene.
Des mythes nordiques aux jeux en ligne : étudier les dynamiques culturelles
Laurent Di Filippo, The Conversation
Résumé
Incarner des Vikings pour construire des bateaux et piller des villages par-delà les mers, combattre des géants du givre, empêcher le Ragnarök, invoquer la puissance d’Odin… Les références aux récits médiévaux scandinaves et à ce qu’on appelle couramment les mythes nordiques sont extrêmement nombreuses dans les jeux contemporains. Le jeu de rôle en ligne massivement multi-joueurs Age of Conan : Hyborian Adventures n’y fait pas exception.
Mais comment des éléments issus de manuscrits médiévaux produits par une élite intellectuelle islandaise aux XIIe et XIIIe siècles sont-ils devenus des composantes des productions des industries culturelles et créatives, intégrant une culture contemporaine populaire et mondialisée ? Cette question en implique une autre, plus large, qui consiste à comprendre les modes de transmission, de diffusion de la culture, ainsi que ses évolutions.